Attention VIP (Very Important Princesse)!

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Le sens du détail

Quand je descendis de la voiture, il marchait dans ma direction. Au téléphone pour m'indiquer où me garer, il commença par me faire rire. Je fus surprise par sa voix à la fois virile et douce. Un bon point! Arrivé à ma hauteur, je me dis qu'il est petit, en fait. Bon, ça ne fait rien. Ses cheveux sont plus foncés que sur les photos aussi. Bon, on verra bien. Il a des lunettes? Bon…

 

Petit coup d'œil rapide autour de moi, il  a l'air équilibré. Intérieur harmonieux, rangé mais pas trop, soigné mais pas maniaque. C'est vrai qu'il est classe son canapé, il a bien fait de l'acheter! Le voilà avec deux verres de blanc et deux verrines. Je me régale. Monsieur sait cuisiner et choisit bien le vin, bon point. Il a mis une jolie nappe et déposé quelques fleurs dans un vase.

 

Comme convenu, il se met à son piano. Il me joue "Le bonheur", sa composition, celle qu'il m'avait envoyée sur Messenger. En vrai, quelle classe! Il continue avec du Diana Krall. Il veut me séduire à tout prix ou quoi? J'adore. Il porte un pantalon bleu marine. Sa chemise à carreaux est rentrée dedans. Je ne sais pas s'il a fait un effort particulier pour les chaussures mais elles sont classes. Je m'attendais à un style aventurier, un peu roots qui ferait visiblement un effort vestimentaire mais qui serait trahi par ses Campers. J'ai en fait un garçon bien rangé qui joue du jazz avec passion. Son sourire le fait rayonner quand il joue. Je n'ai même pas envie de lui demander s'il joue aussi du piano debout! C'est dire si je suis attentive aux sons qui sortent de cet instrument, de ses doigts grâcieux. Je pose des questions, je fais semblant de m'intéresser. Je suis presque déçue qu'il soit si propret. Il doit laisser peu de place à la fantaisie.

 

Le dîner est évidemment divin. Reçue comme une princesse dans un étoilé. Ne manquaient que les serveurs en nœud de papillon! Il s'est donné du mal pour un tel menu mais il joue les modestes et affirme qu'il n'a rien fait d'extraordinaire. On discute gentiment. On se ressert du vin, on parle de tout et de rien. J'ai pris un plaisir fou à le sentir gêné quand, à mon tour, je lui ai montré mes talents: les pas de chachacha et de valse lente étaient laborieux mais alors ses joues rouges le plaçaient en position d'apprenti, hors contrôle, et j'étais assez fière d'ainsi le déstabiliser! Deal passé, je pourrais presque rentrer chez moi, mais nous pouvons passer à table.

 

Tout est lisse et parfait: de la vaisselle, au menu, du service à la musique. Toute cette mise en scène est bien rôdée, me dis-je, pendant qu'il me raconte son Jura natal. Un vrai piège à filles! Tu es dingue! Qu'est-ce que tu fais là? S'il me dit encore que vraiment, il n'a pas fait grand-chose, je me barre. A voir la découpe de ses courgettes en petits dés réguliers et parfaits dans leur verrine, j'imagine qu'il doit être de ceux qui plient soigneusement leur linge avant de faire l'amour.

 

La fin du repas approche, le verdict tombe. C'est pire que ce que j'imaginais: il a un Thermomix! Je m'en vais!

 

"- Attends, j'avais acheté cette petite composition de fleurs pour toi. Je n'osais pas te les offrir, tu aurais pensé que le scénario était trop bien huilé… Tu es sûre que tu veux rentrer chez toi?..."

 

La réalité? On a une bouteille de blanc chacun dans le cornet. Je repose donc mon manteau...

 

Fin de l'histoire.



19/07/2017
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